En France, le financement de la culture numérique se porte bien

En France, le financement de la culture numérique se porte bien
Opinions

 

À l’heure où le streaming est devenu le premier support de consommation de la musique, l’alliance entre numérique et culture prospère. Grâce aux incubateurs et aux dénicheurs de talents, de nombreuses start-up voient le jour et digitalisent la culture.

 

Start-up numérique et culture : une alliance qui fonctionne

 

Pour les professionnels du secteur, le rapport entre culture et nouvelles technologies est un champ d’exploration permanent. Depuis quelques années toutefois, le mélange entre culture et « numérique » au sens large n’est plus un phénomène isolé. « Plus de 20 % des créations d’entreprises, liées aux nouvelles technologies, se situent dans le monde culturel ». La culture veut séduire de nouveaux publics, ceux adeptes des dernières technologies : réalité augmentée, réalité virtuelle, intelligence artificielle, géolocalisation, etc. Au-delà de l’élargissement de l’audience, certains outils numériques comme le streaming servent également à regarder des spectacles de chez soi, sans avoir à se déplacer. La réalité virtuelle, quant à elle, peut être utilisée afin de visiter des lieux inaccessibles et la réalité augmentée afin d’allier jeux et pédagogie.

Les structures plus traditionnelles ne sont pas en reste. Google est par exemple devenu pionnier dans les visites de musées ou de lieux culturels à distance,. En effet, le géant du web a passé de nombreux partenariats afin de permettre de découvrir, depuis chez soi, des lieux historiques ou culturels emblématiques. La numérisation 3D des œuvres par Google a également été réalisée avec un objectif de préservation du patrimoine : face aux catastrophes naturelles et aux conflits, garder une trace numérique des monuments et des œuvres est devenu une impérieuse nécessité.

Une multiplication des innovations et des initiatives dans le secteur culturel qui bénéficie du soutien de nombreuses structures publiques ou privées, conscientes de l’enjeu : à ce jour,  « les industries culturelles et créatives en France sont des véritables poumons économiques qui rapportent plus de 61,4 milliards d’euros par an et emploient près de 1,2 million de personnes »[2].

 

 

Des incubateurs et des accélérateurs pour rénover la culture

Cette évolution n’a toutefois été possible que par l’existence d’un écosystème favorable, dans le monde mais aussi en France.

Depuis de nombreuses années, plusieurs organismes encouragent et soutiennent les jeunes entreprises françaises qui misent sur le numérique pour renouveler le secteur culturel. C’est notamment le cas du groupe de protection sociale Audiens : spécialisée dans l’accompagnement des professionnels du monde du spectacle et de la culture, l’entreprise a développé une véritable expertise sur la numérisation du secteur. Un savoir-faire qu’elle mobilise désormais pour soutenir les entrepreneurs innovants du monde culturel : avec « la Nurserie », un accompagnement est proposé aux projets Hi-Tech dans les industries culturelles et créatives. Pendant un an, les start-up ont accès à un espace de co-working dans les locaux d’Audiens à Vanves, une aide en interne sur les plans juridique, financier et social ainsi que la participation au réseau Culture & Innovations (événements, rencontres professionnelles, outils de communication). Depuis juillet 2017, l’entreprise accueille cinq start-up, dont Artify, spécialisée dans la mise en valeur de l’art via des tableaux numériques. Ici, le but est de regarder « autrement l’art », de l’unir avec la technologie.

Pour se développer, les start-up françaises culturelles bénéficient aussi de l’accompagnement de nombreux incubateurs. C’est le cas de Creatis, un accélérateur dédié aux entreprises de la culture et des médias, créé par Steven Hearn à la Gaîté Lyrique. Creatis a également participé, avec le Centre des Monuments Nationaux, à la mise en place de l’incubateur du patrimoine. Ce dernier accueille sept start-up culturelles dont Akatimi, agence de numérisation 3D réalisant des reconstitutions en trois dimensions, Ask Mona, chatbot culturel utilisant l’intelligence artificielle ou encore Studio Sherlock, agence de production audiovisuelle et transmédia pour la valorisation du patrimoine architectural.

Autre incubateur : le Centquatre, l’un des lieux artistiques de la ville de Paris. Il s’agit d’un accélérateur d’opportunités pour des porteurs de projets innovants notamment dans les industries culturelles. Timescope, start-up ayant développé la première borne de réalité virtuelle en libre-service, est notamment soutenue par ce programme. Citons également l’IESA arts & culture, Le Labo de l’édition, Le Cargo, la Creative Factory Selection, la Serre Numérique, la Plaine Images, Bliiida…

 

Un écosystème d’organismes pour aider les acteurs du numérique et de la culture à se développer dans un secteur en pleine croissance dans lequel les entreprises françaises ont une carte à jouer.

 

Pauline Werth

Pauline Werth

Pauline Werth est une entrepreneuse spécialisée dans la culture et les nouvelles technologies. Après des études en communication et en web, Pauline s’est orientée vers l’usage des dispositifs numériques dans le secteur culturel avec notamment la création d’un blog d’actualités sur ce sujet : cultunum.com.