Le tribunal correctionnel de Saint-Quentin (Aisne) a rendu son verdict jeudi 19 septembre dernier, condamnant trois hommes impliqués dans un trafic de tabac de contrebande entre le Luxembourg et la Somme. Pendant six mois, près de quatre tonnes de tabac ont été illégalement écoulés sur Ham et Amiens.
L’affaire débute le 8 mars 2023, lorsqu’un véhicule accidenté est découvert sur l’autoroute A26. À l’intérieur, les gendarmes du peloton motorisé de Gauchy mettent la main sur 190 kilos de tabac en provenance du Luxembourg. Le véhicule étant abandonné, une enquête est ouverte par le parquet de Saint-Quentin, avec la participation de la brigade des douanes de Laon. Cette enquête rejoint une autre procédure déjà en cours à Amiens, où des buralistes avaient signalé des ventes illégales de tabac, notamment sur les réseaux sociaux.
Grâce aux efforts conjoints des douanes, notamment du groupe de lutte anti-trafics de tabac (GLATT), et de la gendarmerie de Saint-Quentin, trois suspects sont identifiés : deux habitants à Ham et un résidant à Amiens. Le 24 janvier dernier, une opération conjointe permet d’arrêter les suspects à leurs domiciles respectifs. Les perquisitions révèlent des cartons de tabac et une comptabilité détaillée du trafic
Les investigations ont mis au jour une trentaine de trajets entre la France et le Luxembourg, totalisant environ quatre tonnes de tabac écoulées en six mois. « C’est la première fois que l’on démantèle un trafic local d’une telle ampleur de bout en bout », affirme une source proche de l’affaire.
Le trafic était si important que son arrêt s’est rapidement fait ressentir chez les professionnels du secteur. « Certains buralistes hamois ont vu leur chiffre d’affaires grimper d’un tiers après les interpellations », précise la même source.
Deux des trois prévenus ont été condamnés à huit mois de prison ferme jeudi 19 septembre par le tribunal correctionnel de Saint-Quentin. Le dernier a écopé de six mois avec sursis. Ils devront également verser une amende douanière de 60 000 euros, ainsi que 10 000 euros de dommages et intérêts à la fédération des buralistes.
Par ailleurs, les trafiquants devront rembourser 730 000 euros au titre du manque à gagner pour l’État, car ils ont vendu du tabac sans droits ni taxes. Une procédure fiscale avait été engagée en juin.
Cette affaire marque un coup de filet significatif dans la lutte contre le trafic de tabac en France, où bon nombre de réseaux prospèrent sur la demande croissante de cigarettes moins chers, au détriment de l’activité des buralistes et des recettes de l’Etat.