Piratage audiovisuel : c’est la fin pour Zone-telechargement et Tirexo

Piratage audiovisuel : c’est la fin pour Zone-telechargement et Tirexo
Culture et droits d'auteur

Ce 25 avril 2022, deux « grands » noms du piratage audiovisuel francophone ont fermé leurs portes : Zone-telechargement.cam et Tirexo ont annoncé la cessation définitive de leurs activités. Si aucune justification n’a été donnée et si l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle s’est abstenue de tout commentaire, difficile de ne pas y voir la main des autorités et du nouvel arsenal législatif disponible en France.

Sale temps pour le piratage audiovisuel en France. Après la vague de décisions de justice visant les IPTV et sites de streaming sportif illégal, au premier trimestre 2022, c’est au tour des plateformes de téléchargement et de streaming de films et de séries d’être frappées de plein fouet.

Zone-telechargement.cam ferme boutique, définitivement cette fois

Ce 25 avril 2022, deux places fortes du piratage ont ainsi annoncé leurs fermetures, sans qu’il soit possible de savoir si les deux affaires sont liés. Commençons par Zone-telechargement.cam, spécialiste du téléchargement direct de contenus audiovisuels.

Ayant repris l’identité et le look de Zone-telechargement, le site démantelé en 2016 suite à une vaste opération de police alors qu’il était numéro 1 français du piratage avec 3,7 millions d’utilisateurs, Zone-telechargement.cam s’était imposé comme un nouvel incontournable des amateurs de films et séries piratées, notamment pendant la recrudescence provoquée par le premier confinement.

La page d’accueil du site est sans aucune ambigüité : “C’est sur ces quelques lignes que nous annonçons la fermeture du site ZT […] Nous avons fermé tous les anciens et nouveaux domaines liées à notre site Zone Telechargement (y compris ForumZT) ! La base de données sera entièrement détruite et le CMS ne sera pas diffusé, il n’y aura donc aucune reprise/suite”, expose le créateur du « nouveau » Zonetelechargement.

Tirexo tire sa révérence le même jour

Même son de cloche du coté de Tirexo, qui s’était, lui, imposé sur le créneau du streaming de films et de séries, dont il était devenu l’un des représentants les plus utilisés en France.

L’aventure Tirexo s’arrête là. Merci pour tout. Vous pouvez rager, hurler, nous insulter (si, si, on a droit à ça, j’ai dû enlever des commentaires, ça faisait mal au coeur), ça n’enlèvera rien de ce que nous avons fait pour nous et vous jusqu’ici. Bye”, précisait la page d’accueil.

Une hausse du piratage en 2022

Reste maintenant à savoir pourquoi les deux sites ferment, et pourquoi en même temps. Interrogée à ce sujet sur Twitter, l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle a déclaré qu’elle ne souhaitait “pas faire de commentaires à ce stade“.

Le contexte est cependant éclairant pour comprendre la fin de ces deux sites. Tout d’abord, après avoir régulièrement chuté depuis plusieurs années, le piratage de films et de séries (peer-to-peer, téléchargement direct et streaming) a repris du poil de la bête en France en 2022, porté par un contexte délicat pour le pouvoir d’achat des ménages et une hausse des tarifs de certaines offres légales, Netflix en tête.

Un nouvel arsenal juridique contre le piratage audiovisuel en France

De plus, les autorités françaises disposent d’un tout nouvel arsenal pour lutter contre le piratage audiovisuel, via la « loi sur la protection des œuvres culturelles », votée en octobre 2021, et entrée en vigueur début 2022. Actant la création de l’Arcom, cette loi offre surtout une large gamme d’armes juridiques contre les sites de streaming et de téléchargement, et en particulier contre leurs sites miroirs, via des procédures accélérées et un système de « liste noire » enfin efficace.

Comme rien n’a filtré, difficile de savoir ce qui s’est passé exactement. Mais une offensive des autorités, policières ou judiciaires, semble probable – ou du moins la crainte d’une telle offensive. Les créateurs des deux sites ont-ils reçu menaces ou informations sur une enquête en cours ? Ont-ils préférés tout débrancher avant d’être mis sur les verrous ? Ce « suicide » est-il le fruit d’une négociation secrète avec les forces de l’ordre ?

Et, enfin, les créateurs des deux sites sont-ils les mêmes ? Ou, du moins, se connaissent-ils ? Difficile de répondre à ces questions pour l’heure et, en fonction des réponses, il est bien possible que le fin mot de l’histoire reste inconnu. Reste que cette double fin est une bonne nouvelle pour les ayant-droits et les défenseurs des offres audiovisuelles légales.