Quand le confinement redonne des couleurs au téléchargement illégal…

Quand le confinement redonne des couleurs au téléchargement illégal…
Culture et droits d'auteur

Une récente étude montre que le confinement, en Europe, a provoqué une recrudescence du téléchargement illégal, avec des niveaux de trafic BitTorrent au plus haut niveau depuis plusieurs années – au point de dépasser Netflix. Preuve que les vieux réflexes de piratage audiovisuel sont loin d’être de l’histoire ancienne.

Quand confinement rime avec téléchargement… illégal bien évidemment ! Une récente étude de Sandvine a analysé le trafic Internet dans la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) depuis le début de la crise sanitaire. Un document parfaitement adapté pour analyser la situation en Europe occidentale (qui « pèse » une bonne partie du trafic de la zone).

Confinement : YouTube bat Netflix par KO

Et s’il s’avère que YouTube est, de loin, le service qui a le plus profité du confinement (avec 16,23% du trafic total, contre 6,70% l’année dernière a la même époque, soit un bond de près de 10%), l’idée reçue selon laquelle Netflix a bénéficié de la période semble discutable.

Certes, le service de SVOD star a réduit le débit de ses vidéos, ce qui fait qu’à trafic égal, le nombre d’heures de visionnage est plus élevé, mais sa progression demeure assez timide, de 6,09% à 7,69% du trafic total (contre 11,42% au niveau mondial).

Les clients BitTorrent tirent leur épingle du jeu

En revanche, la progression des sites BitTorrent est beaucoup plus nette, puisque leur part de trafic est passé de 5,26% à 8,38% : on pensait le téléchargement Peer-to-Peer en perte de vitesse, il a suffi d’une période de confinement pour que les internautes retrouvent largement cette technique – qui n’est, rappelons-le, pas illégale en soit, elle ne l’est que si elle permet le partage de contenus protégés par le droit d’auteur, soit environ 99,9% de son trafic…

Certes, le streaming, l’IPTV et le téléchargement direct ont réduit l’importance de cette technique de piratage, mais elle est loin d’avoir disparu des radars.

Le téléchargement direct va bien, merci pour lui !

Par ailleurs, le trafic HTTP non chiffré a connu une progression encore plus spectaculaire : il est passé de 0,88% à 10,48% du trafic dans la zone EMEA (contre 6,57% dans le monde).

Etonnamment, Sandvine attribue cette hausse uniquement à l’utilisation massive de sites d’information durant le confinement. C’est oublier un peu vite que le téléchargement direct passe aussi par des plateformes HTTP, avec des quantités de données nettement plus élevées que sur un site d’information.

Autant dire que cette période de confinement aura marqué un véritable boom de YouTube et du piratage audiovisuel, bien plus que de Netflix et des autres services SVOD ! De quoi porter un coup encore plus rude au monde de la culture et de la création audiovisuelle en France, déjà violemment touchés par la crise sanitaire.

Popcorn Time de retour d’entre les morts

C’est d’autant plus vrai que quelque jour avant le début du confinement, un mastodonte du streaming et du téléchargement illégal, Popcorn Time, était revenu d’entre les morts.

Rappelons que la spécificité de Popcorn Time est de s’appuyer sur des serveurs BitTorrent pour pouvoir streamer ces contenus en direct (et non sur l’utilisation de serveurs propriétaires contenant les contenus illégaux, comme par exemple Jetflicks et iStreamItAll, ces sites surnommés « Netflix du piratage », démantelés fin 2019).

Un site sous la coupe d’un VPN…

La plateforme n’est donc qu’un client BitTorrent, qui n’héberge directement aucun contenu. Il n’en reste pas moins que la quasi-totalité de son offre est parfaitement illégale. Et son retour est bien la preuve de la difficulté, pour les autorités, de venir à bout de ces sites pirates bien organisés.

Qui plus est, ce nouveau Popcorn Movie semble être avant tout une vitrine publicitaire pour s’abonner à un VPN, puisque le site multiplie les publicités et les offres dans ce sens, n’hésitant même pas à afficher certaines de vos données (dont votre IP) dans l’interface pour vous faire peur et vous convaincre de souscrire à l’offre proposée.

Autant de preuves que le piratage audiovisuel, malgré les plans gouvernementaux pour le combattre, se porte toujours aussi bien, avec des risques conséquents pour les utilisateurs.