Mark Zuckerberg au Parlement Européen : les vraies réponses sont venues… par écrit

Mark Zuckerberg au Parlement Européen : les vraies réponses sont venues… par écrit
Souveraineté numérique

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L’audition du patron de Facebook devant le Parlement Européen ayant été, en terme de contenu, très décevante, le réseau social a accepté de répondre par écrit aux questions centrales que pose le réseau social. En continuant de noyer allégrement tous les poissons du monde…

Le 22 mai 2018, le patron créateur de Facebook, Mark Zuckerberg, était entendu par les députés du Parlement Européen, à Bruxelles, peu après s’être expliqué devant le Congrès américain. En plein scandale Cambridge Analytica et à quelques jours de l’entrée en vigueur du RGPD, l’occasion était belle de pousser l’entrepreneur dans ses retranchements et obtenir de vraies réponses aux problèmes que pose Facebook.

Zuckerberg en pénitent : « C’était une erreur, et je suis désolé »

Mais un incompréhensible système de questionnement a vidé cette intervention de son sens. Tour à tour, des parlementaires européens se sont présentés pour poser des questions – une cinquantaine en tout. Au terme de ce ballet, Mark Zuckerberg a répondu. En bloc, en vrac, en évitant les questions les plus piégeuses et en se lançant dans un speech de circonstance sur la sécurité, l’innovation ou le RGPD. Et, surtout, sans relance ou contre-questionnement.

Certes, les excuses attendues ont bien été prononcées, suite au vol des données Facebook de 2,7 millions d’Européens : « Nous n’avons pas empêché l’utilisation de nos outils à des fins nuisibles. C’était une erreur, et je suis désolé. Il est devenu évident, au cours des deux dernières années, que nous n’avons pas fait assez pour empêcher que les outils que nous avons créés soient aussi utilisés à des fins préjudiciables » s’est contrit le jeune milliardaire.

Une audition qui permet d’esquiver les questions piégeuses

Ce qui a permis une jolie couverture médiatique, mais ne donnait aucune réponse aux questions de fonds que se posaient les spécialistes du numérique du Parlement. En conséquence, Facebook a accepté de répondre, par écrit, à dix-huit questions proposées par le Parlement Européen, portant sur le scandale Cambridge Analytica, la politique de Facebook en matière de données personnelles, l’influence du réseau social en période électorale, la fiscalité, les faux comptes, la neutralité de la plateforme et les enjeux de régulation et de concurrence.

Bien entendu, ce sont les nuées de juristes et d’avocats du réseau social qui ont concocté la première salve de réponses (d’autres devraient suivre), rendue publique le 24 mai 2018. Attention, prises de position courageuses en approche !

Facebook n’est pas un monopole, regardez, YouTube et Twitter existent !

Concernant les accusations de monopole, Facebook a réagi en expliquant que de nombreux autres sites et applications, n’appartenant pas à Facebook, offrent les mêmes services que le réseau social – photos, vidéos, discussion, etc. Un point contestable, car si YouTube, par exemple, propose bien des vidéos comme le fait Facebook, le serveur de Google ne peut pas, raisonnablement, être considéré comme un pur concurrent de Facebook, dont l’offre est bien plus large. Cette ligne de défense se comprend, c’est la seule tenable pour le réseau social – mais elle semble bien peu convaincante.

Sur le cas des « profils fantômes », ce stock d’informations que le site conserve sur des individus qui ne sont pas inscrits sur Facebook mais sont mentionnés par d’autres utilisateurs, le site communautaire a indiqué que la conservation de ces information a pour but des fonctionnalités liées au réseau social, des contenus publicitaires et des motifs de sécurité – mais en aucun cas pour « créer des profils sur des non-membres ». Une profession de foi à laquelle on n’est pas obligé de croire…

Une ligue anti-fake news qui réduit la visibilité des articles sans les supprimer

Concernant les fake news que Facebook est accusé de propager à la vitesse de l’éclair, des précisions étaient demandé sur l’identité des tiers chargés de vérifier les informations publiées dans son fil d’actualité. Facebook a répondu qu’il travaille, en France, avec Libération (Désintox), l’AFP, Le Monde (Les Décodeurs) et 20 Minutes. Ces médias sont payés pour examiner actualités et messages, et en vérifier l’exactitude. Dans le cas contraire, le contenu est déclassé, ce qui provoque une baisse de 80% de sa visibilité – mais il n’est pas supprimé, et rien n’indique qu’il a été jugé peu fiable. Là encore, les réponses de Facebook laissent songeur…

Enfin, concernant le partage de données entre Facebook et WhatsApp, suite à son rachat par l’entreprise de Mark Zuckerberg, le Parlement a demandé à Facebook s’il pouvait promettre « qu’il n’y aura pas d’échange de données personnelles des utilisateurs entre les deux services » – comme prévu quand le réseau social obtenu le feu fer de la Commission Européenne pour son achat. Facebook a simplement, tranquillement, répondu « Non ».

Facebook continue-t-il, tranquillement, de se moquer du monde entier?

Pour résumer : un format d’audition qui permet à Mark Zuckerberg d’éviter de répondre aux questions qui fâchent, une première série de réponses par écrit qui tiennent davantage de la pirouette ou du pansement sur une plaie béante. Le bilan est excellent, notre confiance en Facebook est remontée en flèche. On attend avec impatience la suite des réponses !