La FTC porte plainte contre le rachat d’ARM par Nvidia

La FTC porte plainte contre le rachat d’ARM par Nvidia
Innovation

Annoncé voici plus d’un an, le rachat d’ARM par Nvidia a de plus en plus de plomb dans l’aile. Après la sécession d’ARM-Chine, après les enquêtes de la Commission Européenne et des autorités de la concurrence britanniques et chinoises, la très puissance Federal Trade Commission (FTC) vient de porter plainte pour empêcher l’opération.

Nvidia a présenté, à l’automne 2020, son projet de rachat d’ARM, le numéro 1 mondial (et de très, très loin) du design d’architecture des semi-conducteurs. L’actuel propriétaire d’ARM, le groupe japonais Softbank, voulait le céder au fondeur américain pour 40 milliards de dollars.

Nvidia parviendra-t-il à prendre le contrôle d’ARM ?

Mais la probabilité que cette opération parvienne à son terme semble de plus en plus faible. La quasi-sécession d’ARM-Chine posait déjà de réels problèmes. Les enquêtes des autorités de la concurrence de la Commission Européenne, du Royaume-Uni ou de la Chine sont d’autres obstacles de taille.

Début décembre 2021, la FTC, agence indépendante américaine chargée de la concurrence et de la lutte anti-trust, a frappé encore plus fort, en portant plainte pour bloquer cette acquisition.

La FTC rappelle qu’ARM est la « Suisse de l’industrie des semi-conducteurs »

Dans le communiqué expliquant cette action en justice, la FTC rappelle qu’ARM accorde ou a accordé des licences à tous les géants de la tech développant des semi-conducteurs :Apple, Nvidia, Intel, Samsung, Microsoft, Qualcomm, AMD…

« ARM accorde des licences pour sa technologie de processeur en utilisant une approche neutre et ouverte (…) et est souvent surnommée la ‘Suisse’ de l’industrie des semi-conducteurs », expose le communiqué de la FTC.

Vers une situation hautement anticoncurrentielle si Nvidia rachète ARM

Que se passerait-il si un fondeur précis, en l’occurrence Nvidia, prenait le contrôle d’ARM ? « L’accord vertical proposé permettrait à l’une des plus grandes entreprises de puces de contrôler la technologie et les conceptions informatiques sur lesquelles les entreprises rivales s’appuient pour développer leurs propres puces concurrentes  », pointe la FTC.

«  La fusion proposée donnerait à Nvidia la capacité et l’incitation à utiliser son contrôle de cette technologie pour saper ses concurrents, réduisant la concurrence et aboutissant finalement à une réduction de la qualité des produits, à une réduction de l’innovation, à des prix plus élevés et à moins de choix, portant préjudice aux millions d’Américains qui bénéficient de produits basés sur ARM  », poursuit la FTC.

La plainte s’appuie sur une collaboration de la FTC avec la Commission Européenne, les régulateurs britanniques, japonais et sud-coréens. Rien pour présager une issue favorable pour Nvidia… Le procès s’ouvrira en août 2022.