Le Parlement Européen demande le blocage des retransmissions sportives illégales au bout de 30 minutes

Le Parlement Européen demande le blocage des retransmissions sportives illégales au bout de 30 minutes
Culture et droits d'auteur

Ce 19 mai 2021, le Parlement Européen a voté un texte, pour réclamer à la Commission Européenne d’autoriser le blocage des diffusions de retransmissions sportives illégales sur Internet dans un délai de 30 minutes. Le rapporteur de ce texte est un eurodéputé français, Geoffroy Didier.

Un vœu pieux, ou le point de départ d’une réglementation européenne sur le streaming sportif illégal ? Si la collaboration entre les polices et les organes judiciaires européens, via Europol et Eurojust, est à l’origine de plusieurs coups de filet dans le monde du piratage audiovisuel en Europe (notamment sur le créneau de l’IPTV illégale), les lois et directives de l’Union Européenne ne proposent aucun cadre législatif commun sur ce piratage, laissant chaque pays de l’Union appliquer ses propres lois.

Le Parlement Européen veut bloquer les retransmissions sportives illégales dans un délai de 30 minutes

Conscient de ce manque, et désireux de défendre l’économie du sport en Europe, le Parti Populaire Européen (droite) a fait voter, ce 19 mai 2021, au Parlement Européen, un texte sur le sujet. Il réclame à la Commission Européenne de mettre en place une directive permettant d’interrompre toute retransmission sportive illégale, dans un délai de 30 minutes.

Cette interruption serait réalisée par les fournisseurs d’accès à Internet, sur la foi de décisions de « signaleurs de confiance ». Cette mesure s’accompagnerait donc de la mise en place d’un système européen de critères communs pour certifier ces « signaleurs de confiance ».

« On est en train de tuer les petits clubs du sport amateur »,

Pour Geoffroy Didier, eurodéputé Les Républicains, rapporteur du texte, ce blocage en moins de 30 minutes est techniquement « possible » : « Si vous êtes bloqué dans la possibilité de voir le match piraté en moins de 30 minutes, a priori, on considère que c’est dissuasif et que ça donnera plutôt envie de s’abonner légalement pour voir le match. Il faut mettre en place des délais qui soient dissuasifs », expose l’eurodéputé.

Pour le seul foot français, il estime que le manque à gagner du piratage s’élève à 500 millions d’euros par an. Un trou de financement qui fragilise toute l’économie du sport : « malheureusement, le piratage entrave aussi les finances des petits clubs : ce sont les droits de diffusion sur Internet qui financent les filières sportives et ce sont ces fédérations qui financent les petits clubs derrière. On est en train de tuer par ricochet, avec ce manque à gagner énorme, les petits clubs du sport amateur », attaque Geoffroy Didier.

Les plateformes de streaming sportif illégal sont truffées de malwares

Début mai 2021, la société de cybersécurité Webroot avait pointé un autre danger des sites de streaming sportif illégal, non pour l’économie du sport, mais pour les internautes qui les utilisent. En analysant l’ensemble des plateformes diffusant des flux illégaux des principaux championnats européens, les experts en cybersécurité sont arrivés à la conclusion que 92% de ces sites contenaient « une certaine forme » de contenu malveillant.

Webroot détaille aussi une partie des menaces : escroqueries en tout genre, arnaques au BitCoin, installation de malwares, installations d’applications payantes, antivirus frauduleux accompagnés de programmes malveillants, etc.

La Commission Européenne devrait répondre à la demande du Parlement sous peu

La volonté des pouvoirs publics d’assécher le financement des plateformes illégales en incitant les annonceurs classiques à les délaisser a visiblement porté ses fruits, et poussé les plateformes illégales à revoir leur modèle de financement du coté des éditeurs de logiciels malveillants – tous liés à des réseaux criminels.

Dit autrement : « consommer » du streaming sportif illégal, c’est non seulement fragiliser le financement de l’écosystème du sport, y compris amateur, mais également enrichir des réseaux de cyber-criminels qui mettent en danger l’intégrité de vos machines.

La Commission Européenne devrait répondre dans les semaines qui viennent à la demande du Parlement Européen.