Piratage audiovisuel : Eurojust fait couper des milliers de serveurs IPTV

Piratage audiovisuel : Eurojust fait couper des milliers de serveurs IPTV
Culture et droits d'auteur

Sur le front du piratage audiovisuel, Eurojust a réalisé une nouvelle journée d’action de grande ampleur ce 11 novembre 2020, contre un réseau de hacking IPTV situé en Italie. 5 500 serveurs ont été débranchés, et le « cerveau » des pirates est sous les verrous. La veille, une opération similaire, de moindre ampleur, avait éteint un autre réseau de piratage IPTV en Suisse.

Eurojust, l’agence de coopération judiciaire de l’Union Européenne, poursuit son offensive contre le piratage audiovisuel. Nouveau bras armé de la lutte contre le streaming et l’IPTV illégaux, Eurojust rend possible des opérations coordonnées des services judiciaires et policiers de plusieurs pays européens.

Eurojust coordonne le démantèlement d’un réseau de piratage IPTV en Suisse…

La première opération majeure rendue possible par cette coordination remonte au 18 septembre 2019, avec le démantèlement d’Xtream Codes, un réseau d’IPTV pirate centré sur l’Italie. En 2020, deux autres journées d’action, cordonnées par les polices espagnoles et américaines, ont permis de faire tomber deux réseaux du même type : le premier, en Espagne, comptait pas moins de 2 millions d’abonnés dans toute l’Europe !

En ce mois de novembre 2020, Eurojust a coordonné deux nouvelles journées d’action. Le 10 novembre, en guise d’apéritif, les autorités judiciaires européennes ont fait tomber un réseau d’IPTV illégal basé en Suisse et utilisant des boitiers Kbox. Les opérations coordonnées, dans cinq pays (Suisse, France, Allemagne, Monaco et Pays-Bas), ont permis de déconnecter 11 serveurs, d’arrêter trois suspects de nationalité suisse et de saisir huit comptes bancaires.

Le réseau diffusait illégalement 82 000 films et séries, pour un préjudice pour les ayants droits estimé à 1,9 millions d’euros. Le site web centralisant ce piratage a été déconnecté.

… puis décapite un réseau de 5 500 serveurs venu d’Italie

Mais c’est le 11 novembre qu’Eurojust a sorti la cavalerie ! En ligne de mire : un des plus importants réseaux d’IPTV illégal d’Europe, basé en Italie. Après plusieurs mois d’enquête, les services judiciaires de 10 pays européens (Italie, Bulgarie, France, Allemagne, Lituanie, Malte, Roumanie, Slovénie, Suède et Pays-Bas) ont diligenté les actions des forces de l’ordre sur leur sol.

L’action a été piloté par Eurojust, à la demande des autorités italiennes, et a conduit à la déconnexion et à la saisie de 5 500 serveurs informatiques ! Ils permettaient aux pirates de transmettre et diffuser les canaux de chaînes payantes pour les transmettre, contre un abonnement modique, aux utilisateurs finaux, via un boitier IPTV.

Des ramifications un peu partout en Europe

Une vingtaine de lieux ont été perquisitionnés en même temps, dans les 10 pays ainsi qu’en Grèce. En France, Eurojust a obtenu l’assistance d’un juge d’instruction du JIRS de Lille, de la police judiciaire de Lille, d’un juge d’instruction du tribunal de Paris (unité financière) et la section de recherche de la gendarmerie Paris.

La police italienne a réussi à arrêter le chef présumé de ce réseau. Les forces de l’ordre ont également saisi du matériel informatique, des outils de communication et de paiement, ainsi que plusieurs voitures de luxe. Le bénéfice total de ce réseau (nettement inférieur au préjudice pour les ayants-droits, les pirates ayant nécessairement eu des frais) est estimé à 10,7 millions d’euros.

« Mettre un terme à ce phénomène criminel »

«Après l’opération majeure en Italie de l’année dernière, nous n’avons pas cessé d’aider et de soutenir les autorités nationales. Nous avons poursuivi notre travail, car nous ne pouvons nous contenter d’une seule opération : notre objectif ultime est d’améliorer de manière proactive la coordination des enquêtes et de mettre un terme à ce phénomène criminel. Pour cette action particulière, nous sommes extrêmement reconnaissants à nos partenaires européens », a commenté Filippo Spiezia, vice-président d’Eurojust.

Le piratage par IPTV ne cesse de prendre de l’ampleur, avec d’importants préjudices pour les ayants-droits, fragilisant les secteurs du sport et de la culture.