Piratage : oui, le déréférencement et le blocage DNS ont une efficacité

Piratage : oui, le déréférencement et le blocage DNS ont une efficacité
Culture et droits d'auteur

Le site de piratage audiovisuel Time2Watch a récemment fermé ses portes. Il ne disposait pas d’une grande renommée mais possédait une communauté fidèle et soudée autour de ses administrateurs. Ces derniers ont posté un message d’adieu qui révèle les détails de leurs activités, et, notamment, l’efficacité du déréférencement et du blocage DNS pour les sites de piratage de ce type. Face aux mafias, c’est sans doute une autre histoire…

Une épitaphe pleine d’enseignements… Les administrateurs de Time2Watch, un site de streaming illégal francophone, ont décidé de jeter l’éponge. Time2Watch n’était pas le plus populaire du paysage, loin s’en faut, mais il rassemblait une communauté fidèle et proche de ses administrateurs.

Les administrateurs de Time2Watch, un site pirate apprécié, jettent l’éponge

Il est, en cela, assez exemplaire du piratage « amateur », pratiqué par des particuliers sur leurs heures de loisir, qui administrent seuls des sites, sans lien avec des réseaux criminels ou mafieux. Les utilisateurs appréciaient le faible nombre de publicités et de fenêtres pop-up, qui faisait de Time2Watch un site pirate « de qualité ».

Le site a fermé ses portes, mais les administrateurs ont posé une série de messages expliquant pourquoi ils avaient décidé d’arrêter, révélant au passage de nombreux détails sur leurs modes opératoires.

Un long message d’adieu

« La base de données a été détruite ainsi que le code source du site, et ils n’ont été transmis à personne (…) Tous les sites que vous verrez à l’avenir ressemblant au nôtre ne seront que des clones qui en voudront à votre portefeuille, faites attention aux arnaques », pointent ces administrateurs.

Certes, le ton global du message semble ignorer parfaitement que l’activité de Time2Watch était illégale : on retrouve un biais classique chez de nombreux pirates « amateurs », qui ont le sentiment de travailler pour la collectivité, en rendant disponible des contenus gratuitement.

Des pirates… bénévoles ?

Comme s’ils ne voulaient pas voir l’impact de leurs activités sur des écosystèmes réels, employant des milliers de personnes. C’est d’ailleurs la ligne de défense de nombreux pirates quand ils se retrouvent devant des tribunaux.

Les administrateurs de Time2Watch vont même encore plus loin : ils se présentent presque comme des bénévoles ! Ils affirment en effet que les revenus générés par le site étaient intégralement reversé dans le projet, et que le surplus était versé à des associations caritatives comme Save The Children ou Trees For Future ! Personne n’est obligé de les croire…

Le déréférencement et le blocage DNS assèchent les visites d’un site de piratage

Cela étant posé, leurs messages sont riches d’enseignement. Le plus important est sans doute l’efficacité des mesures de déréférencement et de blocage DNS (supprimer le lien existant entre le nom du site et son adresse IP, pour le rendre inaccessible) contre le piratage.

Certes, les moyens techniques de contourner ces méthodes de blocage sont faciles à mettre en place, mais le grand public n’est pas forcément capable de le faire : les administrateurs de Time2Watch expliquent que ces mesures assèchent réellement le flux de visites, notamment si elles sont « dynamiques » – c’est à dire que, suite à une ordonnance judiciaire, les noms de domaine similaires sont déréférencés et bloqués sur simple demande.

« Le site mourra petit à petit, acculé par ses revenus publicitaires dégressifs »

Au premier blocage, le trafic vers Time2Watch a ainsi baissé de 20%, faute de nouveaux utilisateurs. Les administrateurs notent ainsi que, face à un blocage dynamique, « le site mourra petit à petit, acculé par ses revenus publicitaires dégressifs ». C’est sans doute l’une des raisons de la fermeture du site pirate, même si ses administrateurs mettent davantage en avant « la fatigue » et « l’envie de passer à autre chose ».

Leurs messages consignent également une série de conseils pratiques pour monter un site pirate efficace, mais le ton global n’est pas particulièrement prosélyte. Ils affirment même que le piratage à but lucratif n’est pas une solution d’avenir : « Croyez-nous, l’argent n’apporte que des problèmes, si c’est votre motivation, eh bien bon courage… », notent-ils.

Ce témoignage confirme que le temps de ces pirates amateurs semble révolu. Mais face aux réseaux criminels et mafieux, nettement mieux organisés, opérant souvent depuis des pays beaucoup plus complaisants avec le piratage, l’arsenal dont disposent actuellement les autorités demeure plus qu’insuffisant. A voir ce que la loi audiovisuel pourra apporter de neuf, et, surtout, quand…