Place à la formation 2.0 des entreprises françaises

Place à la formation 2.0 des entreprises françaises
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Avec la transformation numérique, les entreprises françaises intègrent de plus en plus le « digital learning » dans leurs méthodes de formation. Par ses nombreuses possibilités, la digitalisation de l’apprentissage apporte une réponse plus adaptée aux besoins des salariés, et donc des employeurs.

Qui n’a jamais suivi de recette sur un site de cuisine, regardé un tutoriel sur YouTube ou vérifié une information sur Wikipedia ? Plébiscitées par des millions de Français dans la vie quotidienne, les formations en ligne se font également une place le monde du travail. Mais contrairement aux idées reçues, le digital learning n’est pas seulement synonyme d’économies, même si l’utilisation d’internet permet d’importants gains de temps et d’argent. Avec une mise en place souvent simplifiée, les formations professionnelles 2.0 peuvent en effet proposer des contenus plus adaptés au public et plus à jour que les sessions traditionnelles. Un atout déterminant dans de nombreux secteurs, où il est nécessaire d’actualiser constamment ses connaissances (ex : informatique, énergie, finance, industrie, etc.). Le digital learning existe sous plusieurs formats. Certaines formations peuvent s’effectuer totalement à distance (en « e-learning », soit « apprentissage électronique ») comme les MOOCs (« massive online open course »), les SPOCs (« small private online course ») ou le « mobile learning » (« apprentissage sur mobile »), mais aussi sous forme d’interactions en ligne comme le social learning (« apprentissage social »), de jeu (« serious games » ou « gamification ») ou encore de combinaison entre présentiel et digital, à l’image du « blended learning » (« formation mixte »). Toutes ces possibilités encouragent les entreprises à offrir une véritable formation continue à leurs salariés, ces derniers étant davantage acteurs de leur cursus que dans un format d’apprentissage classique plus passif. Encore faut-il que les employeurs disposent d’un niveau digital (équipement wi-fi, intranet, cloud, etc.) suffisamment avancé…

Selon une étude du cabinet Deloitte et du MIT, seules 29 % des entreprises dans le monde seraient « matures » vis-à-vis des outils digitaux, contre 45 % en cours de transformation et 26 % aux prémices. D’après les spécialistes, la culture numérique de l’entreprise serait donc un prérequis important pour mettre en place des dispositifs de formation digitale efficaces et facilement appropriables par les salariés. Les formations accessibles entièrement en ligne demandent en effet une implication importante des apprenants, ainsi qu’une grande autonomie. C’est peut-être la raison pour laquelle 85 % des sociétés du CAC40 privilégiaient encore les sessions en présentiel en 2016. Mais à l’inverse, la montée en compétences 2.0 des employés permet aussi de développer celles de l’employeur. Une étude réalisée auprès de 400 structures de formation françaises a d’ailleurs révélé en 2015 que plus d’1,3 million de personnes étaient inscrites dans un cursus impliquant le digital. Parmi elles, 38,8 % ont suivi une formation en e-learning scénarisé, 20,6 % en « rapid-learning » (« apprentissage accéléré »), 19,2 % en classe virtuelle, 13,6 % en serious game et 7,9 % en social learning. L’interactivité a été le facteur de captation le plus cité par les apprenants (28 %), suivie de la pédagogie (23 %), la qualité du contenu brut (21 %), celle du tutorat (18 %) et du support graphique et multimédia (10 %). « Les nouvelles technologies permettent d’animer plus facilement les formations et de proposer des présentations dynamiques aux apprenants, explique Dai Shen, directeur de l’organisme de formation Demos. Le numérique facilite aussi les échanges entre les formateurs et les apprentis. La digitalisation de la formation est bilatérale. »

Le secteur de la formation en constante évolution

Dans certains domaines, les outils digitaux ont révolutionné la formation, à l’image de la réalité virtuelle, qui permet de simuler des situations très spécifiques comme le pilotage d’un avion ou la maintenance et l’exploration des bâtiments réacteurs. La reconnaissance vocale facilite elle aussi l’apprentissage d’une langue étrangère, tout comme les correcteurs de prononciation et de syntaxe. De même, la démocratisation des smartphones rend l’accès aux contenus en ligne beaucoup plus aisés, notamment sur les temps improductifs comme dans les transports en commun. « La technologie va permettre de simuler de plus en plus de contextes professionnels pour faciliter la formation », ajoute Dai Shen. Sans pour autant éliminer totalement la présence physique, qui doit être utilisée à bon escient en fonction des objectifs de la formation, au même titre que l’ensemble des outils pédagogiques (vidéos, classes virtuelles, forums, applications mobiles, etc.). L’adaptation de l’apprentissage aux besoins du public est une des principales tendances de développement du digital learning, qui se dirige aussi vers davantage de formats courts, ludiques, sociaux et vidéos.

Même s’ils sont encore fortement attachés au présentiel, les grands groupes sont désormais nombreux à explorer ces nouveaux types de formation. En 2017, EDF a ainsi formé 2 500 de ses collaborateurs à la sécurité via un module d’e-learning conçu avec Veritas. Le groupe a également mis sur pied plusieurs formations distancielles pour ses employés, comme celles proposées sur sa plateforme digitale, des MOOCs comme ceux sur la place de l’énergie nucléaire en France, le marché de l’électricité, des serious games, ainsi que d’autres modules dédiés aux outils bureautiques, à l’apprentissage des langues étrangères, à l’amélioration de la qualité des écrits… ou encore un module destiné aux salariés travaillant sur les ouvrages hydrauliques. Le but : adapter son offre de formation aux enjeux de l’entreprise, à l’évolution de ses métiers et aux nouveaux modes d’apprentissage. Chaque année, 83% des salariés d’EDF suivent en moyenne 55 heures de formation. D’autres multinationales sont déjà bien engagées dans la digitalisation de leur formation. À commencer par Orange, qui en 2014 a lancé la plateforme Solerni.org et ses nombreux MOOCs accessibles gratuitement au public. Dès 2015, des sociétés comme SFR, la Société générale, GDF Suez ou encore Schneider Electric étaient aussi adeptes des SPOCs de Coorpacademy. Un marché en constante évolution et encore loin d’avoir atteint tout son potentiel.