BitCoin : les risques d’une consommation énergétique démentielle

BitCoin : les risques d’une consommation énergétique démentielle
Innovation

L’avènement de la blockchain et des crypto-monnaies, en particulier le BitCoin, pose de réelles questions de consommation électrique. A l’heure de l’efficacité énergétique, de la sobriété et de la transition énergétique, de telles innovations vont-elles vraiment dans le sens de l’histoire ?

Le BitCoin sera-t-il plombé par sa consommation électrique ? La question mérite d’être posée, et est valable pour toutes les technologies s’appuyant sur la blockchain. Certes, les chaînes de bloc offre un outil de contrôle décentralisé et infalsifiable, qui a le potentiel de révolutionner de nombreux secteurs d’activité, et de leur faire faire de considérables économies.

Une puissance de calcul fantastique pour soutenir le développement d’une blockchain

Mais plus une blockchain se développe, plus la puissance de calcul nécessaire à ajouter de nouveaux nœuds ou de nouvelles transactions augmente. Le BitCoin est une excellent exemple des dérives possibles de la blockchain, car il s’agit du projet actuellement le plus développé.

Là encore, il ne s’agit pas de minimiser les avantages que peuvent offrir les crypto-monnaies. Mais de constater, simplement, que le minages des nouvelles transactions en BitCoin requiert de plus en plus de puissance de calcul, et donc d’énergie. Son empreinte carbone devient donc un vrai problème mondiale. La revue scientifique Joule l’a ainsi estimé à 22 mégatonnes de CO2 sur l’année 2018.

Le BitCoin consomme 0,21 % de l’électricité mondiale !

Un an après le signal d’alarme tiré par Alex De Vries et son équipe, un nouvel outil de calcul vient d’être présenté par la prestigieuse Université de Cambridge. Il permet de mesurer la quantité d’électricité nécessaire au fonctionnement du BitCoin, son empreinte carbone, mais aussi une comparaison avec d’autres méthodes de transactions financières.

Et les résultats sont réellement alarmants. L’outil de l’Université calcule ainsi qu’en juin 2019, le BitCoin a utilisé, à lui seul, 0,21% de l’électricité mondiale. Soit l’équivalent de 7 centrales nucléaires.

Pour arriver à ce total, les chercheurs de Cambridge ont additionné les consommations de l’ensemble des ordinateurs et serveurs faisant du minage dans le monde – en se basant sur le nombre de transactions réalisées.

Le BitCoin consomme plus que la finance classique, avec 5 000 moins de transactions !

Avec ses 100 millions de transactions annuelles, le BitCoin consomme ainsi davantage que l’ensemble de l’industrie financière classique, qui gère pourtant environ 500 milliards de transactions par an – soit 5 000 fois plus. Pire : ces chiffres ne concernent que le BitCoin, et non l’ensemble des crypto-monnaies. D’une certaine façon, la relative stagnation du développement du BitCoin depuis mi-2018 est une excellente nouvelle pour l’équilibre énergétique mondial.

Ces questions se posent dans un contexte où la dépense énergétique des data-centers commence doucement à être pointée du doigt. Les avantages offerts par la multiplication des données et de leur traitement commencent à être mis en rapport avec leurs coûts énergétiques.

Crypto-monnaies : de la régulation au boycott ?

Mais dans le cas du BitCoin, les avantages ne font même pas encore consensus. Certains estiment qu’une source de paiement décentralisée représente un risque pour la souveraineté financière des Etats, et est une porte ouverte au blanchiment d’argent. Certes, les crypto-monnaies partaient d’une intention louable, mais que leur explosion tend à dévoyer. Le tout avec une facture énergétique tout bonnement démentielle.

Si le BitCoin (et équivalent) devait reprendre son essor, quel impact prendrait-il sur la consommation électrique mondiale ? A l’heure où les Etats se demandent comment réguler cette monnaie n’obéissant à aucune règle, la question de sa nécessité et de son impact environnemental doit se poser. Jusqu’à envisager des boycotts ? Pour le bien de la planète, l’option n’est pas à écarter par principe.