iOS : bientôt la fin d’un écosystème clos ?

iOS : bientôt la fin d’un écosystème clos ?
Innovation

Une décision de justice vient d’être rendue aux Etats-Unis, qui devrait, à terme, briser le principe d’un iOS clos, en autorisant l’installation d’applications tierces sur les iPhones, sans devoir passer par l’AppStore et ses authentifications. Une bonne nouvelle pour le développement de nouveaux contenus compatibles. Une moins bonne nouvelle concernant la sécurité. Eclaircissements.

Mi-mai 2019, la Cour suprême des Etats-Unis a rendu un verdict qui va profondément transformer le visage de la téléphonie. La haute autorité judiciaire américaine a en effet déclaré qu’un groupe d’utilisateurs d’iPhone peut intenter un procès contre Apple, au motif que la firme à la pomme imposerait un écosystème clos pour l’iOS.

iOs : un écosystème clos, pour contrôler toutes les applis des iPhones

En effet, le système d’application de l’iPhone ne permet d’installer que des applications issues de l’Appstore, contrôlé intégralement par la firme de Cupertino. Une pratique jugée comme un abus de position monopolistique, et tombant sous la loi antitrust américaine.

Dans le détail, rappelons que les iPhones peuvent faire tourner des applications tierces, mais elles sont pour cela contraintes de participer au programme Developper Enterprise. Cela signifie qu’elles doivent se conformer à une série de règles drastiques imposées par la firme à la pomme, notamment en termes de sécurité et de protection des données.

Une défense efficace contre les logiciels malveillants

Un moyen pour Apple de contrôler précisément toutes les applications qui peuvent être hébergée dans l’écosystème iOS. Et d’éviter aussi que des contenus jugés inappropriés par Apple ne tournent sur iPhone. Ce qui inclut des applications pour adultes (violentes ou pornographiques), mais aussi tout ce qui pourrait concurrencer les produits Apple – par exemple un système de paiement autre qu’ApplePay.

Ce principe permet également à Apple d’éviter l’installation d’applications potentiellement malveillantes ou contenant des failles de sécurité. Non que l’Appstore soit exempt d’applications dangereuses, mais leur nombre est considérablement plus faible que sur Google Play.

La fin de l’iOS clos est annoncée

C’est l’ensemble de cet écosystème que remet en cause le jugement de la Cour Suprême. En soit, il ne s’agit pas d’une décision de justice contre Apple : les sages n’ont pas jugé qu’Apple avait une pratique monopolistique ou agissait comme un trust. Mais ils autorisent, de fait, des poursuites judiciaires contre Apple pour ce motif, si les règles de l’Appstore et des applications autorisées sur iPhones ne changent pas. Comme un avertissement sans frais : si rien ne change, Apple pourrait très vite se retrouver sous le feu de la justice.

Le risque est d’autant plus grand que de tels jugements pourraient s’étendre à l’Union Européenne, dont la Cour de Justice n’hésite pas à épingler les GAFA pour abus de position dominante – avec de lourdes amendes à la clé. En clair : Apple va devoir revoir sa copie concernant iOS, et vite.

Risques multiples

Reste à savoir comment la firme de Cupertino va choisir d’ouvrir son écosystème. Il semble probable qu’elle mette en place un système d’avertissement et de renonciation à la responsabilité de l’utilisateur final, afin de ne pas se voir reprocher les dommages au système d’exploitation causés par des applications qu’Apple n’aura pas vérifiées.

Autre souci : pour qu’une application tierce puisse tourner sur un iPhone, il faut qu’elle ait accès à certaines API natives de l’iOS. Des autorisations qui pourraient s’avérer dangereuses pour la sécurité des iPhones.

A Tim Cook et ses équipes de jouer !

A termes, le risque est réel de voir s’effriter l’un des piliers de ce qui distingue les iPhones des autres téléphones, à savoir une plateforme sécurisée, stable, résistante aux attaques de malware, et protégeant plutôt correctement les données des utilisateurs.

La balle est désormais dans le camp d’Apple. A Tim Cook et ses équipes de trouver la parade, et la bonne façon de modifier iOS, pour le rendre conforme à la loi américaine sans lui faire perdre son âme. Un chantier de plus pour la firme à la pomme.