Apple-Qualcomm : pourquoi les deux géants américains se sont entendus

Apple-Qualcomm : pourquoi les deux géants américains se sont entendus
Innovation

Surprise à l’ouverture du très attendu procès entre Apple et Qualcomm : la firme à la pomme et son fournisseur ont décidé de ranger leurs couteaux et de régler à l’amiable le différent qui les oppose depuis début 2017. Les deux firmes vont reprendre des relations commerciales normales. C’était dans leur intérêt à toutes les deux.

Mi-avril 2019 se tenait le procès entre Apple et Qualcomm, devant le tribunal de San Diego. Le constructeur de composants accusait la firme de Tim Cook d’avoir utilisé sur ses iPhones plusieurs fonctionnalités issues de brevets de Qualcomm, sans aucune indemnité. Un préjudice estimé par le fondeur à 7 milliards de dollars.

Quand Apple profite des brevets de Qualcomm

Qualcomm fournit en effet de nombreux composants à Apple pour ses iPhones, notamment les modems (mais pas les processeurs qui ont toujours été fabriqués par la firme à la pomme). Les hostilités entre les deux partenaires ont commencé début 2017, quand Apple a accusé Qualcomm de lui surfacturer certains semi-conducteurs. La firme de Cupertino a voulu contraindre le fondeur à des remises d’un milliard de dollars.

Et non seulement Qualcomm avait refusé de payer, mais la firme de San Diego a contre-attaqué sur la question de la violation des brevets. «  Apple continue de profiter de notre propriété intellectuelle tout en refusant de nous indemniser », a déclaré Don Rosenberg, l’avocat de Qualcomm.

iPhones interdits en Chine et en Allemagne !

L’affaire a pris des proportions considérables. Qualcomm voulait purement et simplement empêcher Apple de vendre certains modèles d’iPhones aux Etats-Unis ! Preuve que sa demande semblait fondée en droit, le fondeur avait obtenu une ordonnance empêchant l’import des modèles incriminés en Chine, puis une seconde, interdisant leur commercialisation en Allemagne. Un vrai bras de fer en bonne et due forme.

Dans le même temps, Apple avait annoncé qu’elle renonçait à travailler avec Qualcomm sur les futurs modems de ses iPhones. Tant pour la 4G que pour la 5G, Apple avait décidé de se fournir chez Intel.

Les modems 5G d’Intel peinent à convaincre Apple

Et c’est sans doute de là que vient le cessez-le-feu surprise entre les deux géants. Intel avait, semble-t-il, pris d’énormes retards sur le développement des modems 5G, véritable pilier de cette nouvelle norme de communication mobile. Alors que, dans le même temps, Qualcomm avait fini de développer un modèle extrêmement performant.

Pour ne rien arranger, les deux entreprises ne sont pas actuellement au mieux sur le secteur de la mobilité. Qualcomm sort d’un semi-échec avec son processeur mobile haut de gamme de 2018, le Snapdragon 845, qui avait déçu face aux modèles développés par Huawei et Apple. Certes, son successeur de 2019, le Snapdragon 855, est unanimement apprécié, mais Qualcomm n’a aucun intérêt à cesser de fournir Apple, qui représente une part importante de ses débouchés de modems, notamment 5G.

La firme à la pomme n’avait pas vraiment le choix !

Apple, de son coté, traverse un début d’année 2019 morose en termes de ventes. La firme a la pomme est mal en point, et elle ne doit pas rater le virage de la 5G sous peine de plomber à coup sûr la sortie des nouveaux iPhones à la fin de l’année. Et c’est peu dire que le partenariat avec Intel semblait mal engagé en la matière.

Certes, la firme a envisagé de prendre un autre fournisseur, comme Samsung (qui fournit déjà les écrans AMOLED des iPhone), mais Apple n’avait pas envie de dépendre de son principal concurrent pour autant de pièces clés de ses iPhones. Huawei avait même proposé à Apple ses excellents modems 5G, mais, dans le contexte de guerre commerciale ouverte entre la Chine et les Etats-Unis, cette option semblait peu envisageable.

Mariage de raison

En clair, Apple n’avait pas d’autre choix que de s’entendre avec Qualcomm. Et ne semblait pas vraiment en position de force. L’accord annoncé le mardi 16 avril 2019, qui met fin aux poursuites, comprend le paiement par Apple d’une somme restée secrète, un contrat de licence de six ans (portant sur les différents brevets problématiques), avec une option d’extension de deux ans, et un contrat de fournitures de composants pluriannuel.

Intel, de son coté, conscient d’un retard sans doute impossible à rattraper, a annoncé qu’il se retirait du marché des puces 5G.