Vaccin : snobé par l’Union européenne, Valneva se tourne vers les USA

Vaccin : snobé par l’Union européenne, Valneva se tourne vers les USA
Financements

L’Union européenne a récemment annulé une commande de 60 millions de doses du vaccin contre le Covid-19 de la biotech Valneva, mettant la jeune pousse franco-autrichienne en difficulté. Elle devrait, en conséquence, abandonner la production de son vaccin contre le coronavirus, se recentrer sur ses projets de vaccin contre la maladie de Lyme et le Chikungunya, et envisage une levée de fonds sur le marché américain.

D’une opportunité qui avait boosté son développement, le Covid-19 risque de devenir le premier écueil d’ampleur pour la biothech franco-autrichienne Valneva, spécialisée dans les vaccins.

Valneva : un vaccin contre le Covid-19 plébiscité en 2021…

En 2021, son vaccin à virus inactivé VLA2001 est perçu en Europe comme une alternative crédible aux vaccins à ARN-messager. La jeune pousse lève plus de 100 millions de dollars, et décroche un contrat avec l’Union européenne pour 60 millions de doses entre 2022 et 2023.

Mais les nuages se présentent rapidement. En septembre 2021, le Royaume-Uni annule une commande de VLA2001, indiquant que le vaccin ne répondait pas aux normes de sécurité britanniques.

… mais rejeté par l’Union européenne en 2022

Le 16 mai 2022, la (très) mauvaise nouvelle tombe : en raison d’un contexte de production mondiale de vaccins anti-Covid plus importante que prévue, la Commission européenne résilie le contrat de livraison avec Valneva, se tournant vers d’autres laboratoires et d’autres technologies. En réaction, la biotech annonçait, en juin 2022, stopper la production du VLA2001.

Au terme d’une négociation de quelques semaines, la jeune pousse signe finalement un avenant au contrat, réduisant la commande avec l’Europe à 1,25 millions de doses, à destination de l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la Finlande et la Bulgarie. Mais pas la France, à la grande déception de Franck Grimaud, directeur général de Valneva.

Vaccin à virus inactivé contre le Covid : un avenir en (gros) pointillé

Ce 11 août 2022, lors de la présentation de ses résultats, Valneva a reconnu que l’avenir de son vaccin VLA2001 s’écrivait en pointillés. « Valneva n’investira dans la poursuite du développement de son vaccin Covid-19 actuel ou de tout vaccin potentiel de deuxième génération, que si elle reçoit le financement nécessaire ou des engagements en ce sens au cours du troisième trimestre de 2022 », précise la jeune pousse dans un communiqué.

Valneva souhaite mettre un terme à son accord de fabrication pour ce vaccin avec IDT Biologica, et annonce disposer d’importants stocks de VLA2001, qu’elle espère pouvoir écouler dans les mois qui viennent. Les premières doses seront livrées prochainement aux pays signataires de l’avenant au contrat avec la Commission européenne.

Développement en vue de vaccins contre la maladie de Lyme et le chikungunya

Pour autant, cette mauvaise nouvelle n’affecte pas l’optimisme de la direction de la start-up. « La bonne nouvelle est que nous avons vu une reprise plus élevée que prévu sur le marché des vaccins de voyage et que nous nous attendons à ce que la demande dépasse même nos capacités d’approvisionnements possibles d’ici à la fin de l’année », indique sur Twitter le CEO de Valneva, Thomas Lingelbach.

La biotech va concentrer ses efforts au second semestre 2022 sur le développement de ses deux principaux vaccins expérimentaux, contre la maladie de Lyme et le chikungunya, le premier en partenariat avec Pfizer (le géant pharmaceutique US a pris une participation de 8 % dans la jeune pousse, pour 90 millions de dollars).

Valneva se tourne vers les Etats-Unis

Valneva a par ailleurs soumis, ce 18 août 2022, une demande d’autorisation de mise sur le marché (Biologics License Application ou BLA) de son vaccin contre le chikungunya auprès de la FDA (Food and Drug Administration) des États-Unis.

Trois jours plus tôt, la biotech a déposé auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse américaine, un complément de prospectus préalable à un programme de financement en fonds propres. Objectif : lever 75 millions de dollars sur le marché américain.

Snobée par l’Union européenne, l’avenir de Valneva semble devoir s’écrire outre-Atlantique…