Ynsect, l’agri-tech qui nourrit vos animaux… avec des insectes

Ynsect, l’agri-tech qui nourrit vos animaux… avec des insectes
Financements

 

La start-up jurassienne Ynsect a annoncé, fin février, une levée de fonds de 125 millions de dollars (110 millions d’euros). La jeune pousse produit des protéines pour l’alimentation des animaux à partir d’insectes. Elle va, grâce à cette somme, ouvrir une seconde ferme d’insectes près d’Amiens, pour soutenir son développement au niveau mondial.

Tenebrio Molitor. Non, ce n’est pas un nom de catcheur. Ni celui du nouveau groupe d’ultra du Paris-Saint-Germain. Non, il s’agit d’un petit scarabée, plus connu dans nos campagnes sous les nom de « ver de farine ». Il ne paye pas de mine. Mais il est la base du succès d’une start-up française, Ynsect, un des fleurons mondiaux de l’Agri-Tech.

Un scarabée à haute capacité de reproduction et haute qualité nutritives

Originaire du Jura, Ynsect dispose déjà d’une usine à Dole. Elle y élève des Tenebrio Molitor. Beaucoup de Tenebrio Molitor. Enormément de Tenebrio Molitor. L’espèce a été justement choisi pour sa capacité de reproduction qui « peut monter très fortement grâce au fait qu’il aime bien vivre en groupe », selon Antoine Hubert, PDG d’Ynsect.

Mais l’autre avantage du petit scarabée est qu’il présente de très hautes capacités nutritionnelles. Ynsect l’élève donc pour le transformer en protéines, afin de nourrir les animaux domestiques (chiens et chats) et les poissons d’élevage (saumon, crevette, truite, bar). Ces animaux représentent un cinquième de l’énorme marché mondial de la nourriture animale (500 milliards de dollars annuels environ).

Ynsect produit de la farine d’insecte et du fertilisant d’insecte

Cette alternative à base d’insecte présente le double avantage d’être moins chère et plus éco-responsable que les farines et huiles de poisson utilisées habituellement. Ces dernières sont en effet fabriquées à partir de la pêche minotière, critiquée pour fragiliser la sécurité alimentaire de pays en voie de développement.

L’autre produit qui sort de l’usine d’Ynsect est un fertilisant, lui aussi à base d’insectes, particulièrement efficace sur la culture du blé, du maïs et du colza. Le marché mondial des fertilisants pèse, lui, 200 milliards de dollars annuels.

Une méga-usine d’insectes près d’Amiens pour 2021

Ynsect est déjà une franche réussite industrielle, la start-up emploie 105 personnes et affiche un carnet de commande de 70 millions de dollars pour les quatre prochaines années, dans le monde entier. Mais la jeune pousse a de hautes ambitions de développement. Elle va notamment commencer à construire une seconde usine de production, à Poulainville, près d’Amiens, d’une capacité supérieure à celle de Dole.

Baptisée Ynfarm, l’usine devrait ouvrir ses portes en 2021. Cette ferme « verticale » assurera à la fois l’élevage et la transformation des insectes. A plein régime, elle pourra produire 20 000 tonnes de protéines. Elle est située sur un terrain disposant, de plus, de réserves foncières importantes, permettant d’envisager des agrandissements. Cette usine devrait employer 70 personnes supplémentaires.

« Le plus grand tour de table hors États-Unis » dans l’Agri-Tech

Mais, pour financer un tel investissement, Ynsect avait besoin de capitaux. Elle vient donc d’effectuer une levée de fonds de 125 millions de dollars (110 millions d’euros). Ce qui représente « le plus grand tour de table hors États-Unis » pour une start-up de l’Agri-Tech, selon Antoine Hubert. Et porte le total de fonds levés par Ynsect, depuis sa création, à 175 millions de dollars.

Ce tour de table a été mené par Astanor Venture. La majorité des investisseurs historiques de la start-up (Bpi Ecotechnologies, Quadia, Demeter et Vis Vires New Protein Ventures) y ont participé. Ils ont été rejoint par des fonds détenus par des antennes locales de banques (Crédit Agricole Brie Picardie, Caisse d’Epargne Hauts-de-France et Picardie Investissement). Mais aussi par des fonds internationaux : BPI large Venture (France), Finasucre et Compagnie du Bois Sauvage (Belgique), Talis Capital (UK), Happiness Capital (Hong Kong) et un family office singapourien.

Au-delà de l’usine de Poulainville, ces fonds vont permettre de muscler le développement de la marque à l’international, notamment en Amérique du Nord, où Ynsect prévoit d’ouvrir une usine.