Le fondateur de VideoLAN, éditeur de VLC, reçoit l’Ordre du Mérite

Le fondateur de VideoLAN, éditeur de VLC, reçoit l’Ordre du Mérite
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L’open source à l’honneur ! Jean-Baptiste Kempf, fondateur de l’association VidéoLAN, qui développe le lecteur multimédia libre VLC, vient d’être décoré de l’Ordre National du Mérite.

VLC est une des plus belles histoires du logiciel libre made in France, si ce n’est la plus belle. Ce lecteur multimédia, simple, robuste, supportant un nombre incalculable de formats, a su conquérir le monde.

Un projet étudiant de l’Ecole Centrale

Il est né en 1996 d’un projet étudiant de l’Ecole Centrale Paris mené par Jean-Baptiste Kempf, un élève de deuxième année. L’objectif : créer un lecteur multimédia pour la diffusion de vidéos sur le réseau informatique de l’Ecole. L’outil, très performant, est ensuite remanié en 1998, avant de devenir open source et d’être largement diffusé à partir de 2001.

La suite appartient à l’histoire. A l’époque, les lecteurs multimédia sont rares et supportent peu de format. Quick Time semble réservé aux vidéos Mac en .mov, Windows Media Player peine à lire autre chose que des vidéos wmp, Winamp est populaire pour les mp3. A moins d’investir dans un lecteur professionnel (et payant), il faut jongler entre plusieurs outils. Et télécharger régulièrement des packs de codecs permettant de lire de nouveaux formats (ou de nouvelles versions d’un format).

Comment VLC a révolutionné les lecteurs multimédia

L’arrivée de VLC va, d’un coup, changer la donne. Le petit logiciel est d’une simplicité évangélique, il tourne à la perfection, ne contient aucune publicité ou lien vers un site commercial, et surtout il lit tous les formats ou presque. Il intègre en effet une impressionnante bibliothèque de codecs, issue du projet FFmpeg, mise à jour constamment, et regroupant la quasi-totalité des formats audio et vidéo. Un adage se répand : si une vidéo ne peut pas être lue par VLC, c’est qu’elle ne peut être lu par aucun lecteur !

Le succès est fulgurant. En 2012, le logiciel passe la barre du milliard de téléchargement. Et même s’il peine à s’imposer sur les terminaux mobiles et sur les marchés émergents (Chine, Inde), il demeure en Occident le lecteur de référence pour les ordinateurs de bureau et portable. Il est aujourd’hui utilisé par plus de 100 millions de personnes dans le monde, notamment aux Etats-Unis, en Italie et en Allemagne.

Un logiciel libre, sous licence GPL

Cerise sur le gâteau : le logiciel est donc libre, sous licence GPL. Donc gratuit et ouvert. Une communauté de contributeurs travaille à l’améliorer. Jean-Baptiste Kempf en demeure la cheville ouvrière. L’ancien étudiant a, dans l’intervalle, créé l’association VideoLAN, chargée du développement et de l’amélioration du logiciel. Développeur intègre, il a aussi refusé des offres mirobolantes pour intégrer de la publicité dans VLC.

Depuis 2009, le projet est complètement séparé de l’Ecole Centrale Paris. La v3 de VLC est sortie au début de l’année 2018.

Et cette fin d’année voit donc son créateur, fondateur de l’association qui le développe, honoré par l’Etat Français. Jean-Baptiste Kempf vient d’être élevé au grade de chevalier de l’Ordre National du Mérite, par un décret paru au Journal Officiel le 16 novembre. Et il est le premier issu du logiciel libre à recevoir cette distinction.

Jean-Baptiste Kempf, des « mérites distingués » pour la nation française

Cette décoration récompense les « mérites distingués », qu’ils soient militaires ou civils, au service de la France. « Pour obtenir le ruban bleu, la durée des services demandée » est de dix ans, détaille le site de l’Ordre.

Dans le cas du fondateur de VideoLAN, le décret précise que la décoration distingue douze ans de services et deux activités spécifiques : président-fondateur d’une société d’édition de logiciels applicatifs d’une part, et fondateur d’une association de promotion de solutions libres pour le multimédia d’autre part.

La récompense est certes essentiellement symbolique. Mais elle indique que la République Française est capable, désormais, de reconnaître l’importance non seulement de l’informatique, non seulement des créateurs de logiciel, mais encore de ceux oeuvrant dans le logiciel libre. Un symbole, donc, mais un symbole d’importance.