Rifft : du CES de Las Vegas à la prison, en trois mois !

Rifft : du CES de Las Vegas à la prison, en trois mois !
Financements

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Début mars, le patron de Rifft, la start-up française présente trois années de suite au CES de Las Vegas, pour présenter robot familial ou bracelet connecté, a été mis en garde à vue pour escroquerie. Il aurait levé 4 millions d’euros de crowfunding pour des produits hi-tech jamais commercialisés…

Plus dure est la chute : à l’image de Theranos, tombée de phare montant de la biotech à arnaque mondiale, Rifft, une start-up française de Sofia Antipolis, s’est avérée être une coquille presque vide. Fondé en 2015 par Lucas Goretta, un homme d’affaire qui se présentait comme ingénieur ou astrophysicien, elle a représenté la France trois années de suite au CES de Las Vegas, en 2016, 2017, 2018.

Un robot familial ou un bracelet connecté primés au CES

Ses produits ? Des innovations surfant sur les dernières modes de l’IA, de la robotique ou des objets connectés. Fuzzy, un robot familial, CT Brand, un bracelet connecté, WiSurf, une station de recharge par induction. Autant de création hi-tech qui avaient tapé dans l’oeil des spécialistes, récoltant même deux prix au prestigieux salon de Las Vegas.

L’histoire de Rifft ressemblait à un conte de fée. L’entreprise de 20 salariés multipliait les opérations de crowfunding auprès de particuliers pour financer ses créations. Elle avait levé plus de 4 millions d’euros. Il faut dire que ces créations semblaient révolutionnaires, et que les offres proposées aux souscripteurs étaient plus qu’alléchante.

Offre alléchante pour les souscripteurs

En finançant la création d’un objet, le souscripteur obtenait des droits sur les futures ventes des objets : en tout Rifft promettait de reverser 15% de son chiffre d’affaires à ses donateurs. La mise de départ, fixé à 200 euros, semblait dès lors un bon investissement sur l’avenir. En deux ans, entre huit et dix milles personnes ont versé des fonds à Rifft.

Mais, bizarrement, la mise sur le marché des produits étaient sans cesse retardée. Alors que Rifft obligeait les souscripteurs à pré-acheter lesdits objets pour conserver leurs droits. Avec le temps, certains d’entre eux ont saisi la justice.

Un récidiviste du montage de Ponzi

Et, ô surprise ! Lucas Goretta avait déjà été condamné, en 2007, pour une affaire similaire. Des fonds de pensions, des diamants à pré-acheter, un montage financier promettant un retour sur investissement colossal.

En terme d’arnaque économique, ce procédé s’appelle un montage de Ponzi. Vendre du vent, cher, en promettant des plus-values énormes, tout en encourageant les premiers souscripteurs à en contacter d’autres, pour faire grossir le nombre des donateurs – et des arnaqués. Et l’ensemble finance, in fine, essentiellement les comptes offshore et le train de vie des dirigeants.

Terminus case prison

Tout porte à croire que Lucas Goretta a récidivé. Il a troqué les fonds de pension et les diamants pour une start-up et des produits hi-tech. Mais l’arnaque est fondamentalement la même. Son retentissement est sans doute plus grand, car on parle d’une entreprise qui a représenté la France, la Start-Up Nation, au plus prestigieux salon de tech du monde…

Mais, dix ans après, le terminus est le même pour Lucas Goretta. Des plaintes ont été déposées par d’anciens salariés et des souscripteurs, s’estimant lésés. Début mars, après 48 heures de garde à vue, Lucas Goretta a été arrêté et mis en examen pour escroquerie, par le tribunal d’Annecy, puis placé en détention provisoire.

Rifft en liquidation éminente

« J’ai participé à ce financement pour le bracelet connecté CT Band à hauteur de 215 euros. Je ne vais pas les récupérer mais si une action collective en justice est menée j’y participerai » raconte un souscripteur qui souhaite – on le comprend – rester anonyme.

Pour autant, peu de chances qu’il y ait le moindre euro à récupérer dans les caisses de Rifft : la start-up a été placée sous contrôle judiciaire début mars. Sa liquidation devrait être effective sous peu. Et la justice ne risque pas de retrouver la trace de l’argent disparu…

De quoi nous donner à réfléchir sur les offres trop belles pour être vraies, et sur notre tendance à s’extasier sur tout ce qui brille et semble promettre monts et merveille – notamment dans l’univers doré de la tech…