Kalray, premier investissement du Ministère des Armées dans une start-up

Kalray, premier investissement du Ministère des Armées dans une start-up
Financements

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Doté depuis novembre dernier d’un fonds d’investissement, le Ministère des Armées vient de participer à sa première levée de fonds, en apportant deux millions d’euros à Kalray, une start-up spécialiste dans les processeurs dédiés aux voitures autonomes, aux drones, aux robots ou aux entreprise de la santé.

Kalray est une start-up grenobloise créée en 2008, pionnière dans la construction de processeurs dédiés aux nouveaux systèmes intelligents – permettant d’analyser des flux très importants d’information, de réagir et de prendre des décisions en temps réel.

Des processeurs intelligents sans équivalent dans le monde

Ces processeurs sont notamment utilisés dans les réseaux informatiques, les véhicules autonomes, la santé, les drones et les robots. Kalray se distingue par un rapport entre la puissance de calcul et l’énergie consommée sans équivalent sur le marché mondial.

Kalray s’est pour l’instant focalisé sur le marché des datacenters intelligents, et sur le développement des véhicules intelligents : la start-up collabore avec Renault sur Symbioz Demo Car, le prototype de voiture électrique, autonome et connecté du constructeur automobile français.

Une levée de fonds de 23,6 millions d’euros pour commercialiser les processeurs de Kalray

Le mercredi 2 mai, Kalray a annoncé l’entrée à son capital d’Alliance Ventures, le fonds de capital-risque de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, et de Definvest, le fonds géré par Bpifrance pour le compte du Ministère des Armées.

Cette opération, d’un montant de 10 millions d’euros, inclut les nouveaux investisseurs et les actionnaires existants. Il s’agit de la seconde tranche d’une levée de fonds de 23,6 millions d’euros, commencée en juin 2017 auprès de ses actionnaires historiques, ACE Management, CEA Investissement, EUREKAP! et Inocap Gestion., auxquels s’étaient ajoutés Safran Corporate Ventures et le fonds d’investissement asiatique Pengpai.

Ces fonds vont permettre à Kalray de produire au niveau industriel et de commercialiser le processeur qu’elle a déjà développé, et de finaliser le développement de la nouvelle génération, qui sera disponible dès 2019.

Première levée pour Devinfest, le fonds d’investissement du ministères des Armées

Cet investissement est le premier de Definvest, le fonds du Ministère des Armées, initié par le gouvernement précédent et lancé officiellement en novembre 2017. Doté de 50 millions d’euros prélevé sur le budget de recherche du Ministère des Armées, il a la vocation d’entrer au capital de 20 à 30 start-up jugées « stratégiques ».

« Le ministère des Armées se tient résolument aux côtés de l’innovation et de tous ceux qui osent. Kalray est le premier investissement de Definvest et je sais que beaucoup d’autres suivront. Ce premier investissement, c’est un signe fort pour tous les entrepreneurs, les chercheurs, les ingénieurs : la défense croit en vous, investit pour vous », a déclaré Florence Parly, ministre des Armées.

Une start-up « stratégique » pour la France

L’histoire de Kalray avec les armées ne date pas de cette levée de fonds : la start-up est soutenue depuis 2010 par la Direction générale de l’armement (DGA). Kalray « figure parmi ces start-ups et PME françaises innovantes qui développent des technologies de rupture à la fois très prometteuses et stratégiques pour notre pays », juge le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourc.

En quoi la start-up est-elle stratégique pour les armées françaises ? Kalray a actuellement un temps d’avance sur ses concurrents chinois et américain, notamment dans la miniaturisation des processeurs et la vitesse de calcul combinées à l’intelligence artificielle. Or, ces processeurs intelligents sont au cœur des futurs systèmes embarqués critiques.

Des processeurs pour guider drones et missiles

Ils équiperont probablement les futurs missiles produits par la France, notamment leurs autodirecteurs, ainsi que les drones, qu’ils soient d’observation ou offensif : ces processeurs permettent de traiter à grande vitesse les images enregistrées par les mini-caméra et de corriger sans intervention humaine et en temps réel la trajectoire, en fonction des objectifs fixés en début de mission pour le missile ou le drone.

Un principe équivalent est en jeu dans un véhicule autonome, toutes proportions gardées. Il reste à souhaiter que cette levée de fonds va permettre à ce fleuron technologique français de conserver son avance.