IoT : Sigfox à la croisée des chemins

IoT : Sigfox à la croisée des chemins
Innovation

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Les réseaux de transfert d’informations en bas débit sont un enjeu central de la révolution des objets connectés. La start-up toulousaine Sigfox garde quelques coups d’avance, mais face à la concurrence, la future licorne doit continuer de se développer dans un maximum de pays.

Les chiffres 2017 de Sigfox sont tombés : ils sont bons, mais Ludovic Le Moal, le fondateur et PDG de la start-up espérait mieux. Après avoir réalisé respectivement 12 et 32 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2015 et 2016, Sigfox comptait passer en 2017 la barre des 60 millions – un bon moyen de faire taire les critiques évoquant une perte de compétitivité de la start-up. Las, l’exercice a été clôturé avec 50 millions de chiffre d’affaire.

Une fin d’année 2017 contrastée

« Plusieurs contrats que nous avions signés pour déployer le réseau Sigfox dans de nouveaux pays devaient recevoir une autorisation réglementaire qui a pris plus de temps que prévu » révèle Ludovic Le Moan. Au total, il faudra attendre fin février pour atteindre les 45 pays couverts par le réseau Sigfox. Ces chiffres sont, en soit, bons, mais dans la course qui a été lancée pour dominer les réseaux de communication des objets connectés, perdre son avance peut s’apparenter à une mort à moyen terme.

Sigfox, à l’instar du réseau LoRaWan (défendu notamment par la pépite de la Frenc Tech Actility), propose des solutions pour faire communiquer l’IoT (Internet Of Things, l’Internet des objets). Il s’appuie sur un réseau à basse fréquence libre et à bas débit, à faible coût.

Faire face à la concurrence des opérateurs télécoms et renforcer les abonnements

Deux défis majeurs vont s’imposer à Sigfox dans les mois à venir : le premier est l’entrée sur le marché d’opérateurs télécom historiques, comme Verizon aux Etats-Unis, déterminés à développer leur propre réseau basse fréquence pour ramasser les gains de ce marché en phase d’explosion.

Le second est la nécessité de sécuriser ses revenus grâce à ses abonnements, et non plus uniquement grâce à des ouvertures de nouveaux marchés. L’entrée de Sigfox dans une nouvelle région ou un nouveau pays ouvre en effet des droits d’exclusivité, ainsi que des travaux d’infrastructures importants, notamment pour installer des antennes relais. Les revenus de la start-up sont essentiellement issus de cette manne, mais l’entreprise ne sera réellement viable qu’en devenant rentable uniquement par les abonnements que payent les industriels ou les collectivités pour utiliser son réseau.

Une nécessaire course aux nouveaux marchés

Pour cela, les objectifs de Sigfox pour 2018 se doivent d’être élevés : la start-up connecte actuellement 2,5 millions d’objets, elle espère dépasser la barre des 6 millions à la fin de l’année, dans 60 pays, soit 15 supplémentaires, avec un chiffre d’affaire idéalement doublé, même si Ludovic Le Moal ne s’engage que sur la somme minimale de 75 millions d’euro.

La start-up toulousaine peut compter sur la baisse de prix des composants électroniques, qui sont passé de 12 dollars à début 2013 à 2 dollars il y a un an, et 1,20 dollar aujourd’hui. De quoi rester confiant, d’autant que le produit proposé demeure fonctionnel et d’une redoutable efficacité.

« On ne trouvera pas moins cher que Sigfox »

Dans la course qui s’est engagée, Ludovic Le Moal est sûr de ses armes : « Je suis prêt à me couper un bras ou une jambe mais je le dis : on ne trouvera pas moins cher que Sigfox pour extraire une donnée, la capter et la remonter sur le serveur de nos clients. Nous nous sommes appliqués à tout simplifier afin de mieux valider la valeur de la donnée que le client recherche et diminuer le coût des capteurs. On est en train de créer une révolution ».

Seul obstacle qui angoisse le créateur de Sigfox : le rachat de la start-up par un grand groupe, qui lui ferait perdre son âme. En effet, au grès des différentes levées de fonds, des investisseurs se sont engagés pour 280 millions d’euros dans l’entreprise – si bien que son fondateur n’est plus décisionnaire d’un éventuel rachat. Si assez d’investisseurs veulent céder leur part, Sigfox sera rachetée.

Ludovic Le Moal explique qu’il a « arrêté », il y a peu, une offre de rachat d’un milliard de dollars : « Un milliard, on arrive encore à l’arrêter, mais si demain quelqu’un proposait deux ou trois milliards, dans l’état actuel du capital de Sigfox, je pense que l’entreprise serait vendue ». On ne le souhaite pas, tant l’équipe actuelle est sûre de ce qu’elle développe.