Exposition des mineurs à la pornographie par les sites de streaming : la bataille de l’association Ennocence

Exposition des mineurs à la pornographie par les sites de streaming : la bataille de l’association Ennocence
Réglementaire

Les sites de streaming et de téléchargement illégaux sont, en France, le premier chemin d’accès inopiné, pour les enfants, vers des sites pornographiques : une association, Ennocence, se bat pour qu’une riposte efficace puisse être mise en place.

La majorité des sites de streaming (films, séries, événements sportifs) ou de téléchargement illégaux hébergent des contenus publicitaires menant à des sites pornographiques. La plupart impose même la présence d’une fenêtre publicitaire pornographique qu’il faut fermer pour pouvoir accéder au contenu, et ce même si ledit contenu est un dessin animé ou un programme pour enfant.

De nombreux parents commencent à se mobiliser contre ces pratiques. Une association, Ennocence, a décidé de se battre pour protéger les plus jeunes utilisateurs d’Internet d’une exposition non voulue à la pornographie, pour que les autorités mettent en place des mesures de prévention et de protection plus efficaces qu’actuellement : « Les sites de streaming et de téléchargements illégaux sont la porte d’entrée principale à une exposition non souhaitée des enfants à la pornographie » explique Gordon Choisel, président d’Ennocence. Aujourd’hui 66% des parents estiment que les mesures actuelles des pouvoirs publics sont insuffisantes.

Un manque de surveillance

Ennocence s’invite de plus en plus régulièrement dans l’espace public pour alerter sur les dangers d’Internet pour les jeunes et les enfants. L’association pointe d’abord le manque d’accompagnement dans l’utilisation du net par les enfants, soulignant qu’un parent sur deux ne surveille pas ce que font leurs enfants sur Internet : « Internet est aujourd’hui un vrai lieu de sociabilité pour les jeunes, c’est un espace public mais il n’y a pas d’accompagnement. On ne va pas laisser un enfant de 8 ans tout seul dans la rue, mais on le laisse seul sur Internet. » critique Gordon Choisel.

La jeunesse elle-même estime qu’elle est exposée trop tôt à la pornographie

Pour Ennocence, l’ennemi numéro un est le streaming, qu’il soit de films, de série ou de contenus sportif : c’est le plus souvent cette pratique illégale qui provoque une exposition non voulue à la pornographie, en moyenne à l’âge de 11 ans – d’autres études estiment que certains enfants visionnent leur première scène pornographique dès 6 ans. « La majorité des jeunes qui ont été exposés à des images pornographiques considèrent qu’ils ont été exposés trop jeunes. C’est révélateur : les jeunes eux-mêmes réalisent qu’il y a un problème. Ce besoin de protection de la jeunesse est confirmé par la jeunesse elle-même. » explique Gordon Choisel.

Les solutions proposées par l’association sont de la pédagogie auprès des parents, une éducation sexuelle à l’école qui prend en compte ces nouvelles réalités, une vigilance accrue des familles et des autorités, des contrôles parentaux ou des bloqueurs de site pornographique. « Mais il y a aussi un combat à mener contres tous ces sites de streaming et de jeux vidéo qui se financent par la pornographie et qui sont les premiers à orienter les jeunes vers le porno. Plus on réduit l’exposition hors site pornographique, plus on réduit la volonté de recherche des jeunes d’aller sur des sites pornographiques. » attaque Gordon Choisel.

Adapter l’appareil législatif à une guérilla numérique

Pour le président d’Ennocence, l’appareil législatif actuel n’est pas adapté pour lutter contre ces sites illégaux. Il compare les moyens dont disposent les autorités à une armée de char faisant face à des guérilleros dans une jungle : pour lui, il faut se battre contre ces sites avec des armes de guérilla, « un droit souple, facilement applicable, et pas des usines à gaz ».

L’association fait donc pression auprès des pouvoirs publics pour pouvoir plus facilement et efficacement attaquer ces sites et leurs régies publicitaires. Elle encourage également les parents à prendre pleinement conscience que le « tout gratuit » sur Internet n’est pas sans risque, notamment pour les enfants, et qu’il faut sans doute revoir leur propre pratique sur le web.