Football en streaming illégal : les chaînes déterminées à agir

Football en streaming illégal : les chaînes déterminées à agir
Culture et droits d'auteur

Le piratage des contenus sportifs audiovisuels, notamment le football, a explosé en France ces dernières années. Face à une législation actuellement inadaptée, les chaînes de télévision montent au créneau. Elles ont été reçues au Sénat, fin janvier, dans le cadre de la future loi sur l’audiovisuel.

Disposer des bonnes armes pour se défendre. Telle est le mantra des chaînes de télévision payantes émettant en France et diffusant du sport, notamment du football. Le piratage de ces contenus ne cesse de prendre de l’ampleur dans l’Hexagone : entre 1,5 et 2 millions d’internautes visionnent au moins un site de streaming sportif illégal par mois.

Septembre 2018 : 2,3 millions de Français ont regardé au moins un match en streaming

En septembre 2018, un pic a été atteint avec les débuts compliqués de RMC Sport sur la Ligue des Champions : 2,3 millions de personnes ont consulté un site pirate. Un chiffre considérable, surtout quand on le compare aux audiences légales des rencontres de football sur les chaînes à péages. En 2017, le match du dimanche soir sur Canal + attirait 1,33 millions de spectateurs ; en 2018, le chiffre est tombé à 1,08 millions.

Cette érosion des audiences fragilise un écosystème entier, celui des chaînes payantes – mais aussi celui du sport français, en particulier le football. « Notre métier, c’est d’organiser le championnat mais aussi de vendre un contenu exclusif à des chaînes de télévision. Et le piratage affecte cette exclusivité. La lutte contre cette tendance, c’est notre principal enjeu de 2019, car ça affecte toute l’économie du sport » pointe avec justesse Didier Quillot, le directeur général de la Ligue de football professionnel.

Les chaînes s’associent pour lutter contre les pirates du football

2019 sera justement l’année de la nouvelle loi sur l’audiovisuel. Et le nouveau président du CSA, Roch-Olivier Maistre, semble prêt à faire évoluer la législation pour lutter contre le piratage. Dans ce cadre, l’Association pour la Protection des Programmes Sportifs (APPS), créé début 2018 et qui regroupent les principales chaînes payantes diffusant du sport en France, a été auditionnée au Sénat fin janvier 2019.

« C’est un problème global, qui n’affecte pas uniquement les chaînes sportives, mais aussi ceux qui les distribuent », rappelle ainsi Caroline Guenneteau, directrice Juridique BeIN Sports et membre de cette association.

S’inspirer de l’étranger, et faire évoluer la législation

L’APPS propose aux décideurs français de regarder ce qui se fait à l’étranger pour s’en inspirer. Au Royaume-Uni, la justice a la possibilité de faire fermer des serveurs convaincus de diffuser des rencontres illégales. Une technique à l’efficacité limitée, car elle ne fonctionne que contre les pirates locaux. Or, le streaming sportif illégal est souvent aux mains de mafias situés en Chine ou en Russie, à la réactivité décourageante.

Au Portugal, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) travaillent main dans la main avec les chaînes et la justice, et peuvent bloquer, presque en temps réel, les sites diffusant des matchs de streaming illégal. Cette technique est beaucoup plus rapide et efficace que le déréférencement des moteurs de recherche, actuellement utilisé en France et qui manque de rapidité face à la durée d’un match. Mais le blocage auprès des FAI n’est actuellement pas légalement possible en France – une situation qui pourrait donc évoluer.

Premier coup de filet pour l’équipe de contrôle de SFR

Parallèlement, les chaînes musclent leurs équipes de contrôle et de pistage des pirates. SFR, détenteur notamment des droits de la Ligue des Champions de football, a ainsi créé, en 2018, une gouvernance opérationnelle et un plan d’actions de lutte contre le piratage. Une cellule qui a permis le démantèlement d’une organisation de malfaiteurs qui contrôlait des centaines de chaînes pirates. Les propriétaires ont été interpellés, et leurs sites fermés.

« Cette procédure témoigne de la détermination du groupe à protéger et valoriser ses investissements, contenus et droits, tels que ceux de la Champions League, de l’Europa League, la Premier League anglaise », a indiqué SFR dans un communiqué.