Qualcomm finalise l’achat de NXP… et sécurise son indépendance

Qualcomm finalise l’achat de NXP… et sécurise son indépendance
Financements

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L’affaire était dans les tuyaux depuis plusieurs mois, elle est désormais officielle : au terme d’une offre d’achat revue à la hausse, NXP Semiconductors devrait changer de main, passant dans le giron de Qualcomm. Cet achat permet par ailleurs au fondeur de se défendre contre l’OPA de Broadcom.

Le coup semblait parfait : profitant de la faiblesse d’un concurrent, entre les amendes pour abus de position dominante et la volonté des fabricants de smartphone de fabriquer eux-mêmes puces et processeurs, Broadcom voulait mettre la main sur Qualcomm, et donner ainsi naissance au numéro 3 mondial des constructeurs de processeurs, et numéro 1 pour les puces de smartphones et l’IoT.

Qualcomm : fragilisé et dans le viseur de Broadcom

Après un refus pour une offre estimée à 130 milliards de dollars, Broadcom avait déposé une seconde proposition, qui valorisait Qualcomm à plus de 146 milliards de dollars, dans un complexe mélange d’argent sonnant et trébuchant, d’échange d’actions et de rachat de dette.

Mais Qualcomm ne semble pas déterminé à se laisser engloutir par un de ses plus farouches adversaires. Il vient de se défendre, vigoureusement, tout en finalisant une opération clé pour son avenir.

L’acquisition de NXP, une priorité depuis 2016

Depuis 2016, le fondeur veut acquérir NXP Semiconductors, pour renforcer sa diversification hors des puces et processeurs pour mobile. NXP est en effet leader mondial de secteurs à très fort potentiel, tels que les applications e-gouvernementales (passeport électronique), la gestion des transports et accès, mais aussi, et surtout, les véhicules connectés. Bien placé également dans le domaine des l’IoT, de l’efficacité énergétique ou des technologies de l’identification, il complète parfaitement le virage technologique pris par Qualcomm.

Le mardi 20 février, Qualcomm River Holding B.V., une filiale du fondeur américain, a annoncé qu’elle venait d’augmenter sont offre d’achat, afin de sécuriser l’acquisition de NXP Semiconductors. Fixé précédemment à 110 $ par action, l’offre est passé à 127,50 $ dollars : cette proposition a été validée par les conseils d’administration des deux sociétés concernées.

Une offre que les actionnaires de NXP peuvent difficilement refuser

« Les capacités SoC de pointe et la feuille de route technologique de Qualcomm, associées à la différenciation de NXP dans l’automobile, la sécurité et l’IoT, constituent une proposition de valeur convaincante » expose Steve Mollenkopf, PDG de Qualcomm.

Au total, l’offre se porte donc à 44 milliards de dollars, financée par Qualcomm à l’aide d’une combinaison de liquidités et de dettes. L’augmentation du prix unitaire de l’action a permis de réduire la condition d’achat minimal d’actions NXP en circulation de 80 à 70%.

Cette augmentation a également assuré l’adhésion d’un groupe d’actionnaires NXP réuni derrière Elliott Management : ce groupe représente neuf actionnaires majeurs, détenant à eux seuls 28% des parts du spécialiste des semi-conducteurs. L’échéance pour finaliser cet accord a été prolongé jusqu’au 5 mars 2018, les sources proches du dossier estiment qu’il sera validé sans difficulté.

Un coup double, qui claque la porte à l’OPA de Broadcom

Mais là où Qualcomm fait coup double, c’est que les conditions de cet achat lui permette de repousser, de fait, l’OPA agressive de Broadcom. En effet, si la première offre de rachat de Broadcom, celle de 130 milliards de dollars, était parfaitement indépendante de la finalisation du rachat de NXP, celle de 146 milliards posait une condition : il fallait, pour que cette offre reste valable, que Qualcomm rachète NXP au prix convenu de 110$ par action, ou abandonne totalement ce projet d’acquisition.

En augmentant son offre, Qualcomm envoie un signal clair à Broadcom : non, le constructeur américain ne fera rien pour faciliter cette OPA, bien au contraire. De quoi faire jeter l’éponge à Broadcom, ou le pousser à aller encore plus loin ? L’avenir nous le dira.